Le Hunt Club, de la chasse à courre au renard et au petit gibier
À une époque où les grandes terres défrichées de l’ile de Montréal ne sont pas encore couvertes de clôtures et d’immeubles, des gens fortunés établissent un club sélect de chasse à Montréal.
A ses débuts en 1826, le club de chasse s’installe à l’angle de De Lorimier et Larivière.
Entre 1850 et 1870, il devient à toutes fins pratiques une annexe de la garnison locale de l'armée britannique avec des membres qui sont essentiellement des militaires. La ferme Logan (aujourd’hui le Parc Lafontaine) leur servira de terrain de jeu pour la chasse à courre. Ils effectueront plusieurs activités à partir de différents endroits incluant le terrain de la villa Thornbury d’Outremont en 1859. A cause du développement, le secteur ne correspond plus aux besoins de ses propriétaires et on relocalisera le club dans une nouvelle construction sur la Côte-Sainte-Catherine.
Dans un emplacement de choix situé sur la montagne, un magnifique château en bois et en briques est érigé sur les terres en plateau de la Côte-des-Neiges avec une vue imprenable sur le nord et les montagnes des Laurentides. Pour avoir une idée de la vue qu’il y avait à l'époque, je vous suggère d’aller voir la vue du terrain de soccer du collège Brébeuf ... Suite à l’inauguration de cet établissement dans la Côte-des-Neiges, l’endroit devint un lieu de rencontre pour aller chasser non pas sur la montagne, mais plutôt sur les terres qui s’étendent vers le nord en direction de Ville Saint-Laurent. Les invités venaient rejoindre le groupe de chasseurs pour ensuite parcourir le bas de la montagne à la recherche de leur proie. En 1920, le club achète une terre à Saint-Eustache pour y élever des renards qui serviront à leur chasse à travers Ville Saint-Laurent et ses alentours. Le club a été le plus grand bâtiment construit sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine avant le Collège Brébeuf .
Il y avait un bâtiment principal un chenil ainsi que quelques autres bâtiments de ferme qui occupaient la majeure partie de l’espace dans ce territoire. En plus de la chasse, on y tenait de nombreux concours en rapport avec le travail agricole.
Des concours et des jeux de toutes sortes animaient donc cet espace avec le temps. Vers le milieu des années 1900, le tramway ou le train électrique avait même un arrêt sur Édouard-Montpetit qui était face au Hunt Club.
L’espace est maintenant occupé par des bâtiments résidentiels et des pavillons du collège Brébeuf. A l’époque, on avait juste à traverser le champ et on se retrouvait devant le club. Certains résidents de ce secteur se souviennent avoir vu passer les chasseurs à cheval alors qu’ils se préparaient à aller chasser. Au cours des années 1940, avec l'urbanisation, le club décide de déménager de nouveau. Il n’est alors plus possible de tenir des chasses dans cet espace à vocation de plus en plus résidentielle. C’est alors que les propriétaires vendirent la propriété à la famille Joseph Barsalou, puis aux Jésuites.
Ce bâtiment restera presque vide jusqu’au rachat par l'hôpital Sainte-Justine qui fut le dernier propriétaire à avoir possédé le manoir. A partir de ce moment, le bâtiment laissé à l’abandon subira une longue dégradation.
Pourtant plusieurs projets ont été proposés, mais en vain. On croyait qu’il allait devenir le manoir Ronald McDonald, malheureusement le projet de revitalisation du bâtiment pour lequel des études ont été présentées par des étudiants de
l’Université de Montréal avec le support de la Société d’histoire de la Côte-des-Neiges a été rejeté. Malgré la pression des instances municipales, l'hôpital Sainte-Justine n’a pas réussi à conserver ce splendide bâtiment.
En effet, l’entreprise a décidé de prioriser les investissements en fonction de sa mission principale axée vers les recherches et les équipements en santé. Encore une fois, le patrimoine bâti de la Côte-des-Neiges qui témoigne de son histoire a été abandonné et est devenu un fardeau plutôt qu’un joyau du passé à conserver.
Le temps et la négligence ont rendu le bâtiment non sécuritaire. Un inspecteur a dû finalement recommander la destruction d’une partie de l’édifice pour qu’il évite d’endommager le nouveau manoir Ronald MacDonald qui lui était adjacent.
Cette opération a fragilisé le reste de sa structure. Après être resté à l’abandon pendant plus de 25 ans, le Bâtiment principal du Hunt Club, construit vers 1898, a été complètement démoli en 2000.
Un peu plus de 100 ans après la construction d’un des plus beaux bâtiments de la Côte-des-Neiges représentant bien son histoire, on décida d’effacer à tout jamais les traces d’un bâtiment de la Côte des-Neiges.
Encore une fois, on laissait disparaitre une partie du patrimoine bâtit, une partie de notre histoire.
Texte et recherche Jonathan Buisson
Source
https://www.montrealhunt.org/our-hunt
https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/1957069
http://histoireplateau.canalblog.com/archives/2006/08/07/2424069.html
https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2019-n138-cd04837/91615ac/
http://mgvallieres.com/chronDiverses/200309.php
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Facebook Souvenirs et Mémoires de la Côte-des-Neiges
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Merci pour ce texte et ces photos. Je suis tombée par hasard sur une mention du Montreal Hunt Club dans une publication et j'ai voulu en savoir plus. Je garde un vague souvenir de cette ancienne bâtisse laissée à l'abandon et n'ai jamais été au courant de son histoire, malgré que je sois née à Sainte-Justine, que ma mère y a travaillé pendant des années et que j'y travaille moi même aujourd'hui. Merci de remédier à mon ignorance de ce bout d'histoire de Côte-des-Neiges!