À Montréal, de moins en moins de maisons datant de la colonisation subsistent. Soit, elles ont été démolies en raison d'un manque d'entretien et de négligence, soit simplement abattues pour libérer de l'espace dans le cadre de l'urbanisation croissante, parfois même sans raison valable, bien avant les grandes batailles menées pour protéger les bâtiments patrimoniaux. Alors que la notion de préserver le patrimoine était autrefois peu valorisée, ces vieilles demeures étaient considérées comme vétustes et peu propices à l'habitation.
Le facadisme ou tout projet d'intégration à de futurs bâtiments n'étaient même pas envisageables. Pourtant, des personnes conscientes de l'importance de ces édifices et de la préservation de leur histoire ont œuvré pour les sauvegarder, nous permettant aujourd'hui de découvrir des trésors architecturaux disparus. Vingt-cinq ans après la fondation de Côte-des-Neiges, un certain Pierre Hablin fait construire une maison au bas du chemin de la Côte-des-Neiges, vis-à-vis de l'actuelle rue Ellendale du côté ouest du chemin de la Côte-des-Neiges.
La maison était orientée de manière que la porte d'entrée soit face au sud, afin de profiter des levers de soleil qui se présentent chaque matin dans cette direction. Construite entièrement en pierre, elle possède deux étages et une dépendance adjacente en bois. Au-dessus de la porte d'entrée se trouvait une niche dans laquelle l'on retrouvait une sculpture représentant Notre-Dame des Neiges, ainsi que des inscriptions énigmatiques. En 1908, après plus de 100 ans de possession par la famille Desmarchais, leurs héritiers lèguent la maison aux Sœurs de Sainte-Croix, qui acquièrent également ce lopin de terre.
Elles font construire le pensionnat en face de l'avenue Ellendale et en retrait du chemin de la Côte-des-Neiges, presque au milieu du terrain acquis. Devant le pensionnat, on veut aménager une belle entrée pavée en forme de demi-cercle pour permettre une circulation sécurisée des véhicules. La maison devient alors un obstacle à la réalisation de cette magnifique entrée du pensionnat. On entreprend alors la démolition de la maison, quand un ouvrier fait la découverte au-dessus de la porte d'entrée d'une niche avec une date et une inscription énigmatique.
On fait alors appel aux journaux de l'époque ainsi qu'à Ez Massicotte pour venir évaluer la pierre en question. La conclusion suite à cette visite révèle que l'inscription énigmatique serait en fait la suivante : il est inscrit "1723", qui serait la date de construction de la maison. Les inscriptions illisibles sont déchiffrées et on en vient à la conclusion que dessous, il est écrit "Maison de Pierre Hablin, Notre-Dame-des-Neiges".
Cette pierre a réussi à nous parvenir en 2023 grâce aux bons soins de plusieurs personnes qui se sont relayées afin qu'elle demeure intacte et entre de bonnes mains pendant plus de cent ans.
Cette maison était un point de rassemblement pour tous les gens qui se trouvaient dans ce secteur du bas de la côte, ce qui s'explique grâce au moulin qui faisait face à la maison. On a construit à cette époque un moulin, une digue ainsi qu'un petit barrage pour créer des bassins de rétention d'eau afin d'aider le moulin à gagner en force.
Ce moulin était un point essentiel dans ce secteur, pour les paysans qui résidaient dans le coin, lorsqu'il était temps d'apporter leurs récoltes au moulin. C'était très épuisant pour les bêtes qui tiraient la charrette remplie de foin de monter la côte. À l'autre moulin qui était situé près de l’avenue Lacombe et du Chemin de la Côte-des-Neiges. Ainsi, en raison de la présence du moulin, cette maison est devenue un point de repère au loin.
La pierre est restée trop longtemps à l'abri des regards, mais l'année dernière, en 2023, lors du 325ᵉ anniversaire de la fondation du quartier, nous avons eu la chance, grâce à la maison de la culture et la Bibliothèque Interculturelle, de la voir exposée.
Mais quel avenir lui est réservé pour le futur ? Comme la maison se trouvait sur les terrains actuels de l'Hôpital Juif, il serait préférable de la mettre en valeur à cet endroit en créant un monument ou en exposant une réplique, bien sûr avec la collaboration de l’Hôpital Général Juif qui a fait un excellent travail d'intégration et de préservation du bâtiment des Sœurs de Saint-Croix.
Il est possible que ce projet les intéresse, espérons-le meilleur pour sa mise en valeur.
L’histoire de la Maison Desmarchais et de sa pierre témoigne de l'importance de préserver le patrimoine architectural et historique. Cette maison, avec sa pierre datant de 1723, représente un lien tangible avec le passé de Montréal. Sa découverte et son exposition suscitent une réflexion sur la manière dont nous pouvons valoriser et protéger notre héritage culturel pour les générations futures. En travaillant ensemble avec les institutions locales, nous pouvons assurer que ces trésors historiques continuent d'enrichir notre communauté et de nous connecter à notre passé collectif.
Texte et recherche Jonathan Buisson
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Source Facebook Souvenirs et mémoire de la Côte-des-Neige,BanQ
Très intéressant. Bravo!