Parmi les lieux incarnant l’esprit créatif et festif de Côte-des-Neiges, le Café Campus occupe une place de choix dans les souvenirs des générations qui l’ont fréquenté. Aujourd’hui, replongeons dans le passé pour redécouvrir l’histoire fascinante de ce lieu emblématique du quartier, avant son déménagement vers le centre-ville.
Les débuts modestes d’un projet audacieux
L’histoire du Café Campus commence en 1966, dans un contexte de contestation étudiante. Né d’un boycottage de la cafétéria universitaire, ce projet a vu le jour grâce à un groupe d’étudiants visionnaires qui ont imaginé un petit service alternatif pour offrir boissons et nourriture. Installé à l’angle de l’avenue Decelles et du chemin Queen-Mary, ce qui n’était à l’origine qu’une solution temporaire s’est rapidement transformé en un lieu de rassemblement vibrant, mêlant bar, restaurant et scène culturelle.
Dès ses débuts, le Café Campus a évolué au-delà de sa mission initiale pour devenir une véritable institution. Il a su capter l’esprit de l’époque, attirant des artistes émergents et établis qui ont contribué à sa renommée. Parmi eux, des figures emblématiques de la culture québécoise telles que Jean-Pierre Ferland, Pauline Julien, Louise Forestier, Robert Charlebois et Claude Dubois. Leur passage sur les planches du Café Campus a marqué à jamais l’histoire culturelle de Montréal.
Une vision culturelle ambitieuse
L’idée d’un espace culturel étudiant, inspiré du Quartier latin de Paris, germait déjà dans les années 1960. Les étudiants avaient initialement envisagé de transformer une vieille église anglicane sur la rue Jean-Brillant en un centre artistique. Cependant, les coûts de rénovation exorbitants les ont contraints à revoir leurs ambitions. Ce contretemps les a conduits à investir une grande salle sur Queen-Mary, autrefois utilisée comme cafétéria temporaire, pour y lancer le tout premier Café Campus.
Le défi était de taille : rentabiliser l’espace en proposant une programmation diversifiée sur des horaires étendus, allant de 8 h à minuit. Le lieu se transformait tout au long de la journée, passant de restaurant à boîte à chansons, discothèque, salle de jazz, théâtre ou espace pour des réceptions et des réunions. Avec des tarifs attractifs – bière et vin à 0,40 $ – et une ambiance accueillante, le Café Campus est rapidement devenu un incontournable.
Un tremplin pour la jeunesse et la culture
En plus d’être une vitrine pour les artistes, le Café Campus offrait de précieuses opportunités aux étudiants. Plusieurs y ont trouvé des emplois comme disques-jockeys, serveurs ou techniciens en éclairage, son et mise en scène. Pour d’autres, ce fut un tremplin pour lancer des carrières artistiques en chanson, poésie, musique ou comédie. Le lieu a joué un rôle central dans la vie culturelle et sociale de Côte-des-Neiges, créant une communauté autour d’une passion commune pour les arts.
Un départ inévitable, mais un héritage durable
Le Café Campus est demeuré à son emplacement d’origine jusqu’en 1993. Cependant, les plaintes répétées des résidents concernant le bruit ont finalement conduit à son déménagement sur la rue Prince-Arthur. Ce départ n’a pas marqué la fin de son histoire, mais plutôt le début d’un nouveau chapitre. Malgré ce changement, l’esprit du Café Campus est resté intact, continuant à incarner l’énergie créative et l’effervescence culturelle de Montréal.
Une institution culturelle inoubliable
Au fil des décennies, le Café Campus a marqué les esprits comme un lieu de rassemblement où la culture se vivait intensément et collectivement. Sa contribution à la scène artistique montréalaise est inestimable, et il demeure un symbole de liberté, de créativité et de communauté. Pour ceux qui ont eu la chance de le fréquenter, le Café Campus reste bien plus qu’un simple endroit : c’est une véritable légende ancrée dans le cœur de Côte-des-Neiges et de Montréal.
Jonathan Buisson
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