La récolte de l'eau d'érable qui s'effectue au Québec depuis des temps immémoriaux, était connue par les autochtones qui occupaient le territoire avant l'arrivée des européens.
La légende veut que lors d'une partie de chasse au gibier, une flèche qui avait manqué sa cible s'est retrouvée dans l'écorce d'un érable, au moment de la récupérer l'autochtone vit un liquide s'écouler de l'arbre et décida d'y goûter, découvrant alors une sève agréablement sucrée... Bien sûr ceci reste une histoire comme beaucoup d'autres expliquant la découverte de l'eau d'érable, mais quoi qu'il en soit, c'est à partir de ce moment que celle-ci sera récoltée chaque année au printemps.
Pour ce faire, on effectue des entailles en forme de "V" dans le tronc de l'arbre avant d'y insérer une aiguille de bois qui dirigera le liquide vers des caisses d'écorce faisant office de réceptacles.
À l'origine, les autochtones utilisaient l'eau d'érable pour s'abreuver, on disait d'ailleurs que c'est une boisson qui donne de l'énergie. Ils s'en serviront aussi pour faire cuire de la viande ou du maïs dans le liquide chaud. Bien qu'ils ne possédaient pas les connaissances nécessaires à la fabrication du métal essentiel pour fabriquer des chaudrons qui pourraient servir à transformer l'eau d'érable en sirop, ils parvenaient tout de même à obtenir une certaine évaporation grâce à une technique de chauffage astucieuse.
Pour cela, ils faisaient chauffer des pierres sur le feu avant de les déposer dans un récipient fait d'écorce d'arbre dans lequel se trouvait le liquide. Ils réussissaient ainsi à obtenir un produit d'une certaine consistance, bien que celle-ci ne fut jamais comme le sirop qu'on connaîtra par la suite à l'arrivée des Européens qui découvrirent ce savoir grâce au partage des connaissances transmises par les autochtones. À cette même époque, tombé amoureux des douceurs de ce délicieux liquide, un auteur écrit autour de l'an 1600 "qu'il le compare au grands vins d'Europe". C'est donc grâce aux savoir-faire conjugués des deux nations, qu'on réussit à fabriquer notre fameux sirop d'érable. Tous les gens étaient friands de sucre en Europe à la cour durant Louis XIV, et lui-même tombera follement amoureux de petites dragées à l'érable provenant du Nouveau Monde.
Il en consommait même des quantités astronomiques à ce qu'il paraît et toutes ces douceurs d'érable seront d'ailleurs adoptées par les foyers de Nouvelle-France. Fait important à noter ici, la plupart des récoltes d'eau d'érable étaient destinées à la production de sucre, car celui-ci était alors majoritairement préféré au sirop.
Quand le temps de la récolte arrivait, on avait pris pour habitude de s'installer au milieu de l'érablière. On préparait un bon feu avant d'y mettre des morceaux de bois pour ensuite suspendre les marmites au-dessus et faire chauffer la sève d'érable.
La récolte pouvait s'effectuer à bras d'hommes seulement dans les plus petites productions. Pour ce qui concernait des récoltes de plus grandes envergures, au lieu d'employer uniquement des hommes, on a organisé un système de réservoirs montés sur une luge, le tout tiré par des chevaux pour ainsi pouvoir acheminer les grandes quantités d'eau à chauffer.
Pour la transformation, alors que jusque-là on avait l'habitude de chauffer "aux quatre-vents", on décidera à présent de construire des cabanes directement autour du feu afin de maximiser les efforts déployés pour la production.
Ces premières cabanes n'avaient rien à voir avec celles qu'on connaît de nos jours, mais petit à petit, au fil du temps, les gens ont commencé à s'y réunir en famille et entre amis pour déguster ce doux sirop, les invités apportant l'un des victuailles, l'autre son violon ou son harmonica. C'est ainsi que prenait naissance l'ancêtre de nos cabanes à sucre actuelles. Toutefois, les festivités liées a toutes ces cabanes ne plaisaient guère au clergé qui voyait d'un mauvais œil ces réunions de paroissiens dans les bois où l'on faisait la fête, mangeait, buvait, dansait, et ce, en pleine période du Carême ! Suite à cela, les curés vont commencer à se rendre à leur tour dans ces endroits afin d'apporter la bénédiction des lieux et accrocher un crucifix au mur de chaque cabane visitée afin que Dieu ait toujours un œil sur ces lieux.
La cabane à sucre de la rue Barclay
Dans la Côte-des-Neiges, comme partout ailleurs, là où il y a une érablière, on retrouve des cabanes à sucre avec des installations permettant la récolte et la transformation de l'eau d'érable.
Nous avons retracé des photos de la cabane à sucre de la famille de Claire Yale (née Desmarchais). Au début des années 1900, cette famille avait une érablière près des rues Barclay et Hudson.
Comme mentionné précédemment, on y reconnait le bon curé Léandre Perreault qui devait être de passage pour la bénédiction des lieux ou peut-être simplement pour y rencontrer ses paroissiens.
À partir du mois de février, il semble que toute la famille s'afférait à la tâche. Les plus jeunes enfants vérifiaient les petits contenants en écorce afin de s'assurer qu'ils ne soient pas troués. Si tel était le cas, ils les réparaient. Les enfants se rappellent que la période des sucres était un événement festif au cours duquel on s’amusait bien tout en se sucrant le bec.
Les photos nous permettent de constater que la période des sucres favorise les réunions familiales au cours desquelles tout le monde prend le temps de bien s’habiller. On y voit Claire Yale, la petite fille à côté d'une rangée d'érables avec des petites chaudières.
On peut observer que la Côte-des-Neiges était un endroit rural rythmé par les saisons.
De nos jours, nous devons sortir de la ville pour aller à la cabane à sucre, mais il fut un temps où tout cela se passait en plein cœur de la Côte-des-Neiges.
Texte et recherche Jonathan Buisson
Source Facebook Souvenirs et Mémoires Côte-des-Neiges Notre-Dame-de-Grâce et Outremont Etc....
https://erableduquebec.ca/a-propos/histoire/#:~:text=Le%20sucre%20d'%C3%A9rable%20en,de%20lui%20en%20faire%20parvenir.
https://quelle-histoire.com/pages/texte-le-sirop-derable-et-ses-sources
https://potagersdantan.com/2021/03/19/la-fabrication-du-sirop-derable-a-la-maniere-des-premieres-nations/
Comments