Depuis que les hommes ont commencé à chasser les animaux, ils se servent de leurs peaux pour se faire des vêtements ou des objets de survie. La plupart du temps,
la fourrure était gardée sur les peaux pour se protéger du froid et des intempéries, mais quand on transformait les peaux en cuir, on leur proférait diverses fonctionnalités.
Le cuir permettait de fabriquer des objets pour l’usage quotidien tels des ceintures, gants, souliers, manteaux, tabliers et principalement des objets de sellerie. Les autres matériaux n'offraient pas la même durabilité que pouvait procurer le cuir.
Le métier de tanneur en est un qui est très éreintant à cause des multiples étapes nécessaires à l'obtention du produit final, c'est-à-dire le cuir. Laissez-moi ici vous décrire les étapes mentionnées dans les manuels qui nous en apprennent plus sur ce savoir-faire complexe venu d'Europe : tout d'abord, les peaux, arrivaient la plupart du temps directement du boucher et elles, étaient imprégnées de sel, on les appelait les peaux vertes . Après avoir choisi les peaux avec lesquelles il souhaitait travailler, le tanneur les faisait tremper afin de les ramollir dans l'eau mélangée avec de la chaux, ce qui aidait aussi à éliminer une partie des poils et de la chair qui y restaient accrochés. Après cette étape, on étendait les peaux d'un côté et on râpait les restants de chair tandis que de l’autre, on enlevait les poils. Lors de ces deux étapes, on utilisait un couteau de forme arrondie avec un manche aux deux extrémités. Puis, pour neutraliser les effets de la chaux, les peaux étaient lavées avec de l'eau mélangée à de la fiente. Par la suite, les peaux allaient passer quelques mois dans des bassins de tannins. Le mélange utilisé pour obtenir ces tannins était obtenu grâce à un mélange d’écorces broyées. Cette méthode de tannage était suivie de l'étape de trempage qui servait à arrêter le processus de putréfaction des chairs.
Au début des années 1700, quelques tanneurs décidèrent de s'installer à la Côte-des-Neiges pour profiter tout d'abord de la ressource en eau abondante qui provenait du ruisseau Raimbault. De plus, la situation géographique du village était parfaite pour les tanneries puisqu'elle se trouvaient loin de la ville. Il faut comprendre ici que l'activité qui entoure les tanneries en est une "très odorante". On a juste à penser ici à la fiente, mais surtout à tous ces morceaux de peaux et de chair qui trempaient dans plusieurs bassins, sans compter toutes les peaux entreposées dans le sel en attendant d'être tannées. Au départ, il n'y avait que 4 tanneries installées le long du ruisseau, mais, au début du 19ᵉ siècle, on y retrouve près d’une cinquantaine de tanneries établies le long du ruisseau.
La plupart des tanneries appartenaient à des familles du village et elles étaient situées sur le bord du ruisseau. Souvent, les terres qu’elles cultivaient se trouvaient à l’arrière de leurs tanneries. Nous avions donc ici une double fonctionnalité dans un même espace. Cette situation permettait aux propriétaires des tanneries de céder leurs installations et leurs terres de façon distincte à leurs enfants, puisqu'ici deux métiers pouvaient être pratiqués : celui d’agriculteur et celui de tanneur.
Le village des tanneries tire son nom de cette multitude de tanneries établies le long du chemin de la Côte-des-Neiges. Quand on évoque les villages de tanneurs de Montréal, on pense souvent aux tanneries de Saint-Henri. Pourquoi les tanneries de la Côte-des-Neiges sont si peu souvent évoquées malgré leur quantité et leur importance ? Quelle valeur donnons-nous à l'histoire de la Côte-des-Neiges et quelle place voulons-nous lui accorder aujourd’hui?
Nous proposons ici une autre réponse pour expliquer les raisons de cet oubli. Dans le secteur de la Côte-des-Neiges comme dans celui des tanneries de Saint-Henri, on remarque de nombreux mariages entre les familles de tanneurs. Il est donc probable que ce soit, une manière de conserver le savoir-faire et ainsi garder les contrats lucratifs qu’assurait cette industrie.
Voici le nom de quelques tanneurs important ainsi que l’emplacement de leurs installations manufacturières le long du chemin de la Côte-des-Neiges: Pierre Claude où se trouve l’École Notre-Dame-Des-Neiges, Benjamin Goyer où se trouve la Maison de La Culture ainsi que Henri-Jarry-dit-Henrichon où se trouve le Château Decelles. Plusieurs autres familles ont aussi exercé ce métier dans le Village des Tanneurs. Un jour pourrons-nous mettre en valeur ce passé, ce passé qui ne peut dorénavant vivre que dans nos souvenirs et dans notre mémoire ?
Texte et recherche Jonathan Buisson Francine Brien Desrochers correction et relecture Maeva Milanka et Sylvain Rousseau
Source Facebook Souvenirs et Mémoires Côte-des-Neiges
Livre Avant d'avoir tout oublié Pierre Ramet
https://blog.laruedesartisans.com/histoire-du-cuir
https://www.histoires-de-paris.fr/tanneurs/
https://ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais/des-tanneries-aux-carrieres-le-village-du-coteau-saint-louis
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