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Le ruisseau Notre-Dame-des-Neiges

Dernière mise à jour : 7 juin 2022

Le majestueux ruisseau Notre-Dame-des-Neiges prenait sa source non loin de l'étang qui se trouvait jadis à l'emplacement du Lac des Castors. En descendant la plaine du cimetière Notre-Dame-des-Neiges vers l’ouest.

Près de l’entrée cimetière sur Decelles, on peut d’ailleurs voir deux pierres commémoratives installée dans le cadre du 375 ième anniversaire de Montréal.

Le ruisseau continue son trajet à travers le parc de Troie, puis il traverse le chemin de la CDN du côté du collège Notre-Dame pour revenir sous l’école NDDN. Par la suite, il entreprend sa grande descente le long du chemin de la CDN à partir de la Côte Sainte-Catherine. Enfin, à partir de la rue Ellendale actuelle, il bifurque vers l’ouest à travers Ville Saint Laurent jusqu'au parc Raimbault où il se déverse dans la rivière des prairies. C'est à cet endroit seulement qu’on peut encore voir le ruisseau circuler à l’air libre.

Grâce à lui, la nature environnante a pu se développer en permettant l’épanouissement de la végétation et de la vie. Avant la colonisation de l’île de Montréal, les autochtones utilisaient une piste qui passait entre les 2 sommets du Mont-Royal pour rejoindre le ruisseau. Cette piste, qui longeait le ruisseau jusqu'à la rivière des prairies, est devenue le chemin de la Côte-Des-Neiges

En 1698, le supérieur sulpicien Vachon Belmont demande à Gédéon de Catalogne de borner les terres au nord-ouest du Mont Royal à partir de l’axe de ce long ruisseau appelé Côte-des-Neiges. Il faut noter que la Côte-des-Neiges est la seule Côte de l’île de Montréal qui n’est pas parallèle au fleuve car elle suit un ruisseau qui devient la référence d’un nouvel axe de développement. C’est à partir de cette colonne vertébrale, véritable source de vie, que prit naissance le village de la Côte-des-Neiges. Toute son histoire et son développement sont liés à ce cours d’eau intarissable. Les paysans se sont abreuvés de son eau et, grâce à lui, ils ont pu irriguer leurs riches terres situées sur des plateaux du Mont-Royal. Un moulin à eau y fut installé jusque vers 1737,dans le bas de la Côte-des-Neiges au coin Ellendale. Nous ne possédons pas la date exacte de sa construction, mais nous avons une mention concernant ce moulin en 1707 puisque les seigneurs sulpiciens ont ordonné la construction d’une clôture installée autour du moulin parce que les vaches venaient déranger le meunier dans son travail. La différence entre les moulins à vent et les moulins à eau, ces que dans le dernier cas, on peut avoir 2 mécanismes pour le même moulin un pour scier le bois et un pour moudre le grain . Celui installé sur le ruisseau Raimbault servait a moudre le grain. Quand Pierre Hays achète le terrain en 1737 il procède à son éradication. Selon nos informations, si on creusait sous l'actuel chemin de la Côte-des-Neiges au coin de la rue Ellendale, on pourrait trouver des vestiges archéologiques de ce moulin. Le premier aqueduc privé de Montréal aurait même été alimenté par ce ruisseau en passant par un réservoir en bois qui se situait dans le coin de l’actuel collège de Montréal. Après cet épisode du moulin, ce sont les tanneries qui, en s’installant le long de ce cours d’eau, profiteront de cette ressource hydraulique inépuisable pour le trempage et le rinçage des peaux.


Avant la fermeture de la dernière tannerie au début du 20ᵉ siècle, le village de Côte-des-Neiges était surnommé le village des tanneries, car cette industrie a permis le développement économique de ce village. On a déjà dénombré plus de 50 tanneries le long du ruisseau entre les rues Queen Mary et Jean-Talon. Malheureusement, la quantité de produits chimiques utilisés dans ce procédé industriel a grandement contribué à la pollution du ruisseau qui est progressivement devenu un égout à ciel ouvert. On raconte même, qu’au début du 20ᵉ siècle, les voyageurs qui se rendaient à Montréal ont commencé à éviter ce secteur à cause de l’odeur nauséabonde qui s’y dégageait.

Le ruisseau, dont l’eau pure et claire jaillissait du Mont-Royal, devenait de plus en plus pollué à mesure qu’il descendait le chemin de la Côte des-Neiges et à mesure que la population environnante augmentait.

Le ruisseau, auquel s’abreuvaient, jadis, les paysans et les villageois, était devenu infecte. Les élus municipaux se retrouvèrent donc avec de sérieux problèmes d’infrastructures au niveau des systèmes d’égout et d’aqueduc. On envisagea alors la construction d'un système d'égout et on étudia même l'aménagement d'un champ d'épuration sur la ferme Lacombe.


A cette époque, tous les ruisseaux sur l’île de Montréal commençaient à subir le même sort. L’eau de ces petits cours d’eau était impropre à la consommation on suggérait même au gens de boire des boissons gazeuses ou de la bière à la place de l’eau. Le 22 décembre 1890, les administrateurs de la ville de Notre-Dame-des-Neiges adoptent un règlement sur l’approvisionnement en eau. Le maire de cette municipalité était alors Pierre Claude qui était aussi propriétaire de la plus importante tannerie du village localisée à l'emplacement de l'actuelle école Notre-Dame-des-Neiges. Il s’agit du règlement numéro 19 qui comportait 18 sections précisant les obligations de la compagnie électrique et d'eau de Montréal. La section 10 du règlement témoigne des préoccupations du temps.

On y mentionne que l'eau sera fournie gratuitement aux hommes et aux bêtes à partir de 3 fontaines. De plus, on y mentionne une fontaine ornementale qui ne sera jamais construite suite au règlement numéro 22 du 8 février 1894.

Le 16 février 1907, l’inspecteur Joseph A. Beaudry vient constater la situation. Dans son parcours à travers les 2 municipalités de la ville de Notre-Dame-des-Neiges (le haut) et du village de Notre-Dame-des-Neiges Ouest (le bas), ce ruisseau reçoit les égouts de la plupart des riverains. À partir de la ville de Notre-Dame-des-Neiges en amont, les eaux d’égout se déversant dans ce ruisseau proviennent des eaux ménagères et des toilettes ainsi que des matières liquides résiduaires provenant d'une tannerie importante. Dans ces conditions, l’inspecteur Beaudry n'hésite pas à déclarer que ce ruisseau est réellement devenu une nuisance et même un danger pour la salubrité publique. La véritable solution résidait dans la construction d'égouts comme l'avait indiqué l'inspecteur Beaudry.


Vu l'agglomération actuelle des habitations dans les 2 municipalités et le chiffre de leur population qui ne tend qu'à augmenter de jour en jour avec le développement naturel des 2 localités, il n'y a aucun autre moyen pour voir à l'assainissement du territoire et pour maintenir en état constant de salubrité que d'y établir un système de drainage. De plus, avec la mise en place d’un système d’aqueduc, il faut prévoir que cette eau courante contribuera à l’augmentation du volume des eaux usées produit par une population en pleine croissance.


Le ruisseau, source de vie, était devenu source de nuisance, de puanteur et de maladie. Avec le temps, la population avait cessé de s’y abreuver pour plutôt sans servir à faire circuler plus loin ses rejets domestiques et industriels. C’est ainsi qu’on en est venu à enfouir et à canaliser le majestueux ruisseau qui est à l’origine de la Côte-des-Neiges établie en 1698. Avec leur annexion à Montréal entre 1908 et 1910, les municipalités de la Côte-des-Neiges ont finalement eu les moyens de mettre en place les infrastructures requises afin de respecter la règlementation sur les eaux usées. Bien qu’il soit maintenant caché de nos yeux dans l’acier et le béton sous le bitume, le ruisseau continue à couler de sa source sur le Mont-Royal jusqu’à la rivière des Prairies.

C’est seulement à son embouchure dans le parc Raimbault qu’on peut encore l’apercevoir aujourd’hui. Selon les dires, le ruisseau canalisé dans un tuyau coulerait toujours dans le sous-sol de l'école Notre-Dame-des-Neiges et, si jamais vous passez de l'édicule est en ouest du métro Côte-des-Neiges, vous allez peut-être même l’entendre couler au-dessus de vos têtes car, bien qu’il soit maintenant emprisonné, ce magnifique et puissant ruisseau coulera toujours.



Texte et recherche par Jonathan Buisson


Archives de la Ville de Montréal. BM5-C-26-050.

Archives de la Ville de Montréal. P501-1_06.

Chemin de la Côte-des-Neiges, 1900. Source: Flickr

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