Dans une petite maison enneigée du village de Côte-des-Neiges, le réveillon de Noël battait son plein. Dans la cuisine, l'odeur des tourtières fraîchement sorties du four se mêlait à celle du sapin décoré au salon. Les enfants, en pyjama à carreaux, couraient partout, le visage illuminé par l’excitation de la soirée.
— Il va passer bientôt, le Père Noël ! s’exclama André, les joues rouges d’avoir trop joué dehors.
— Mais seulement si on est sages, ajouta Suzanne, l’aînée du groupe, en hochant un doigt sévère pour imiter sa mère.
La grand-mère, assise près du poêle, souriait en tricotant. Elle jetait des regards complices aux adultes qui s’affairaient à mettre la table. Les fenêtres givrées vibraient légèrement au rythme du vent, et dehors, la neige tombait en silence, comme pour préparer le passage mystérieux du grand visiteur tant attendu.
— On a laissé des galettes à la mélasse et un verre de lait, chuchota Marie. Ça, c’est important. Sinon, il pourrait ne pas s’arrêter !
Le plus jeune, Michel, fronça les sourcils.
— Mais comment il fait pour passer partout en une nuit ?
— C’est de la magie, murmura Pierre avec admiration. Les grands disent que tout est possible à Noël.
Un tintement de clochettes sembla résonner au loin, faisant sursauter tout le monde. Les enfants se figèrent, les yeux écarquillés.
— Il est là ! souffla Suzanne.
Les petits coururent se cacher derrière le fauteuil de grand-maman, les cœurs battant à tout rompre. Pendant ce temps, dehors, les ombres des sapins dansaient sous la lueur de la lune, comme si elles connaissaient un secret ancestral.
Des décennies plus tard, dans une maison de Côte-des-Neiges, les mêmes enfants, désormais adultes, étaient réunis pour un Noël un peu différent, mais tout aussi précieux.
Pierre, une tasse de chocolat chaud fumante entre les mains, regarda ses amis d’un air pensif.
— Vous vous souvenez de ce Noël-là ? On avait juré avoir entendu les cloches du traîneau.
Suzanne rit doucement, les yeux brillants :
— Et Michel qui posait toujours des questions ! Déjà à cet âge, t’étais sceptique.
Michel leva les mains en signe de défense.
— Hé, même à l’époque, je voulais des preuves ! Mais... je dois avouer qu’à ce moment-là, j’y croyais un peu.
Marie fixa les flammes du poêle, un sourire nostalgique aux lèvres.
— C’était si simple, mais tellement magique. Je pense qu’on ressentait tout l’amour qu’il y avait autour de nous. C’était ça, le vrai Noël.
Un silence doux s’installa, comme si chacun replongeait dans ses souvenirs d’enfance. Puis, Pierre reprit la parole, sa voix empreinte de tendresse :
— Vous savez, on parle toujours du Père Noël comme d’un vieux bonhomme barbu, mais je crois qu’il est plus que ça. Ce soir-là, nos parents, nos grands-parents... ils étaient le Père Noël.
— Comment ça ? demanda Michel en haussant un sourcil.
— Parce qu’ils nous ont offert cette magie, répondit Pierre. Ils ont pris le temps de créer ces moments pour nous. Aujourd’hui, c’est à nous de le faire pour les autres. Le Père Noël, c’est un rôle, un esprit qui peut se glisser dans le cœur de chacun.
Suzanne acquiesça avec douceur.
— Vous avez vu nos enfants ? Ils vivent Noël comme nous le faisions autrefois. Cette fois, c’est nous qui préparons les galettes à la mélasse, qui laissons des empreintes dans la neige, et qui faisons tinter des clochettes à la fenêtre. On transmet cette magie, tout comme on nous l’a transmise.
Marie regarda ses amis, les yeux brillants d’émotion :
— Vous avez raison. Faire revivre ces souvenirs, c’est ce qui nous rend heureux. C’est comme ça qu’on garde vivante la magie de Noël. Nos enfants se souviendront de ces moments, comme nous nous souvenons de ceux que nos parents nous ont offerts.
Michel sourit, le regard perdu vers la fenêtre givrée.
— Et peut-être qu’un jour, nos enfants seront assis comme nous, autour d’un feu, et ils parleront du Père Noël.
À cet instant, un bruit léger résonna à la porte. Le vent ? Une branche qui frottait contre le bois ? Ou peut-être... quelque chose d’autre. Une clochette semblait encore tinter au loin.
Les amis se regardèrent, figés comme des enfants d’autrefois. André éclata finalement de rire :
— Si c’est le Père Noël, il a encore le temps de prendre une galette !
Dehors, la neige continuait de tomber en silence, recouvrant ce qui avait autrefois été un petit village. Côte-des-Neiges s’était métamorphosé au fil du temps en un quartier illuminée de mille feux, où les rues brillaient de décorations festives et où les clochers résonnaient encore de chants anciens.
Sur le chemin de la Côte-des-Neiges, la neige tombait doucement, recouvrant les trottoirs et les arbres d’un manteau blanc immaculé. Et à travers les fenêtres chaleureuses des maisons d’aujourd’hui, les mêmes traditions, les mêmes gestes d’amour et de partage se répétaient, prouvant que la magie de Noël ne disparaît jamais vraiment.
Ainsi, dans la ville lumineuse, les histoires des Noëls passés, transmises avec soin et tendresse, continuaient de vivre à travers ceux qui choisissaient d’y croire et de l’offrir aux générations futures.
Jonathan Buisson
Soutenez ce projet
Une nouvelle option est maintenant disponible sur le site web. J’ai mis en place un système de financement volontaire pour aider à l’hébergement et à l’amélioration du site web. Comment cela fonctionne-t-il ? Le site restera toujours gratuit, mais si vous souhaitez me donner un coup de pouce pour assurer le maintien en ligne de nos précieuses informations historiques via la plateforme Buymeacoffee, vous pouvez faire un don une fois par mois ou seulement une fois, selon ce que votre cœur vous dicte.
Pour 5 $ par mois, le prix d’un café au restaurant, vous pouvez contribuer à améliorer et à conserver ces précieuses informations historiques. Cliquez ici pour me soutenir.
Comments