Le terrain où se dressent maintenant les appartements Rockhill, bien adossé à la montagne, avait d'abord été concédé à Gédéon de Catalogne en 1698. Sur la carte de 1912 (image), nous avons superposé les bâtiments du Rockhill actuel construits vers 1968 (en gris) et ceux des appartements Rock Hill construits vers 1928 (en pointillé rouge). On retrouvait à cet endroit quelques résidences en bois (en jaune), dont celle du jardinier Amédée Ménard, à côté du Montreal Ski Club.
De 1914 à la fin des années 1940, l'hiver offrait l'occasion d'exploiter le dénivelé de la montagne pour installer une grande rampe en bois, où des compétitions de saut à ski, amateur et professionnel, étaient organisées. Sur la première photo du saut à ski prise vers 1928, on voit un skieur en pleine action se lancer de la montagne, face au cimetière.
En bas à gauche, on aperçoit la maison du jardinier Amédée Ménard. Au cours des années 1920, Amédée, accompagné de son gros chien (un danois ou un saint-bernard), s’amusait le dimanche à surveiller les vergers environnants. En se berçant sur son balcon, il s’assurait que les visiteurs, en provenance de la ville par le tramway 65, n’osent sauter la clôture du chemin de la Côte-des-Neiges pour venir cueillir courageusement des pommes ou des poires afin d’offrir ce fruit défendu à leur partenaire. Lorsqu’il y avait des compétitions de saut à ski, la maison d’Amédée Ménard et d’Hélène Girard servait parfois d’infirmerie
lorsqu’un skieur blessé était en attente d’une ambulance.
C’est à cette époque, vers 1928, que le premier complexe d'appartements, nommé le Rock Hill, émerge. Sur cette seconde photo du saut à ski prise vers 1940, on aperçoit, à gauche, un des bâtiments à logements du Rock Hill qui était devenu un lieu privilégié pendant l'hiver pour admirer les skieurs s'élancer dans les airs.
Cette première version du Rock Hill était composée de 133 appartements variant de 3 à 6 pièces répartis dans sept unités. Bien que beaucoup plus modeste que la version actuelle, ce majestueux développement résidentiel, composé d’une belle façade (photo), offrait un court de tennis (carte de 1954), des aires de jeux pour enfants et un parc arboré majestueux à l'arrière.
Ce premier complexe Rock Hill fut démoli vers 1964 pour permettre, entre 1965 et 1968, la construction des six unités actuelles s’élevant de 16 à 20 étages. Les nouveaux bâtiments du Rockhill actuel (photo) ont été érigés pour offrir une plus grande densité de résidents (1004 appartements) pouvant compter sur encore plus de services, incluant une petite galerie marchande et une piscine intérieure. On peut présumer, à partir de cette annonce, que le coût actuel des loyers est environ 10 fois supérieur à celui de 1968.
Les résidents de ces appartements ont encore une place de choix pour admirer le panorama environnant. En effet, les locataires des étages supérieurs ont une vue magnifique sur le nord-ouest de la ville, avec des couchers de soleil saisissants.
Cependant, ce développement résidentiel de masse a altéré une partie de la montagne, défigurant le secteur. Cette structure de béton greffée au flanc de la montagne cache dorénavant la montagne. La construction du Rockhill dans les années 1960, combinée à la disparition du village du 19e siècle, a profondément transformé l'aspect de la Côte-des-Neiges. Ce quartier, autrefois un site bucolique, a cédé la place à une urbanisation visant à densifier sa population, ce qui a contribué à accentuer sa métamorphose.
Texte et recherche Jonathan Buisson et Sylvain Rousseau
Sources BAnQ :
Atlas Goat City of Montreal 1912
Insurance plan of city of Montreal 1954
Mon père Gabriel Blondin, né en 1913, me raconta une anecdote qui concerne sans doute ce jardinier Amédée Ménard ou un autre. Gabriel ainsi que d’autres enfants du quartier s’amusaient à voler des pommes dans les vergers du cimetière Côte-des-Neiges et souvent leurs petits larcins réussissaient.
Un jour, Gabriel constata que certaines grosses pommes rouges lui étaient inaccessibles, même avec l’aide de son bâton. Il sauta la clôture du cimetière avec ses amis pour cueillir ces fruits défendus. Piquant son bâton au sol près de l’arbre, il grimpa sur une grosse branche pour avoir accès à ces merveilleux fruits. Malheureusement, un jardinier aperçut au loin le groupe d’enfants. Gabriel sauta rapidement au sol, mais tomba sur son bâton et resta…
Amédée Ménard et Hélène Girard sont mes arrière-grands-parents, les parents de mon grand-père Ubald qui a aussi vécu son enfance dans cette maison. Ma tante Céline (un des filles d’Ubald) m’a en effet raconté que mes grands-parents recevaient les éclopés qui avaient manqué leur saut en attendant l’ambulance ou le médecin et je crois avoir écrit cette anecdote en commentaire d’une publication du groupe Facebook. Mais pour le reste, je serai bien curieux de savoir où vous avez déniché ces détails qui me sont inconnus !
« Au cours des années 1920, Amédée, accompagné de son gros chien (un danois ou un saint-bernard), s’amusait le dimanche à surveiller les vergers environnants. En se berçant sur son balcon, il s’assurait que le…