L'histoire de la glissade Northmount offre un fascinant voyage à travers le temps, revenant à une époque où le toboggan était bien plus qu'une simple activité récréative hivernale. Avant de plonger dans les détails de cette glissade emblématique, il est essentiel de comprendre le contexte historique et culturel qui l'a façonnée. Du terme "toboggan" emprunté à la langue algonquine à l'engouement croissant pour ce sport au XIXe siècle, chaque aspect de cette narration révèle une époque où les activités hivernales étaient au cœur de la vie sociale et communautaire. Découvrons ensemble l'épopée de la glissade Northmount, témoignage d'une époque où la neige et le froid étaient des alliés pour créer des moments inoubliables et tisser des liens entre les générations.
Avant de décrire la célèbre glissade Northmount, il convient de présenter brièvement l'historique de l'objet sans lequel cette glissade ne susciterait pas le même intérêt, le toboggan.
Le terme "toboggan", désignant une forme de luge glissant sur le sol autrefois gelé de notre belle province, tire son origine de la langue algonquine. Le mot utilisé était "Otaban", signifiant traîne en français. Les colons de la Nouvelle-France ont adopté ce terme pour désigner l'objet. Vous avez probablement déjà entendu le synonyme "traîne sauvage", parfois employé pour décrire les toboggans. Le mot "traîne" évoque quelque chose de familier, mais l'adjectif "sauvage" provient littéralement du terme péjoratif utilisé à l'époque pour désigner les Premières Nations.
Entre sa découverte par les Européens et son adoption en tant que sport par des milliers de personnes, le toboggan avait initialement une utilisation première dans le transport d'objets ou de denrées en forêt. Bien qu'il ait probablement été utilisé également à des fins récréatives, il ne s'agit pas d'un comportement généralisé qui a été rapporté.
À partir du XIXe siècle, un véritable engouement pour ce sport s'empare des populations. Certains endroits dotés d'une forte dénivellation sont transformés en points de rassemblement, où les gens s'amusent et recherchent des sensations fortes. En plus des pentes qui propulsent ces engins et leurs occupants loin du point de départ, de grandes rampes en bois sont utilisées pour augmenter la vitesse et la distance.
Vers 1910, une glissade est installée à Côte-des-Neiges, sur le terrain de l'actuelle Université de Montréal. Apparemment, la glissade était installée sur ce qui est maintenant le chemin de la Tour, longeant la partie nord du cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Elle avait une longueur de 390 pieds et six voies glacées. À l'époque, il s'agissait d'une attraction majeure pour les habitants des environs. Son parcours se terminait probablement non loin de l'avenue Decelles. Cette glissade a été déplacée deux fois. La première fois sur les terres de la famille Lacombe, situées un peu au nord des premières installations, puis elle a été aménagée dans la plaine où se trouve actuellement le lac aux Castors.
Chaque hiver, pendant plusieurs années, une immense rampe en bois était érigée sur le toit d'un bâtiment pour accentuer la dénivellation et propulser les plus téméraires à des vitesses folles. À cet emplacement, la glissade a connu une popularité sans pareille.
À l'époque où elle se trouvait à Côte-des-Neiges, une petite cantine était également érigée près de la glissade. À l'intérieur, autour d'un petit poêle à bois, on pouvait se réchauffer et savourer des boissons chaudes. Cette petite buvette était tenue par une locale,
Eva Daoust, qui deviendra plus tard Boudrias. Cette dame a vécu un incident potentiellement dangereux lors d'une de ses nombreuses glissades. En effet, lors d'une descente, elle s'est retrouvée à glisser à vive allure sous un tramway en marche sur l'avenue Decelles. Heureusement, elle s'en est sortie avec quelques égratignures. Les descendants de cette dame ont rapporté que leur grand-mère Eva leur avait raconté cet événement, et le soir même de l'incident, le frère André lui-même était venu appliquer de l'huile de Saint-Joseph sur ses blessures, ajoutant quelques signes de croix. Elle s'en est remise sans aucune cicatrice.
La luge, étant très populaire, favorisait également le rapprochement des jeunes garçons et des demoiselles, ce qui ne plaisait guère au clergé de l'époque. Monseigneur Fabre exprimait sa pensée à ce sujet en janvier 1886 : "Les glissades, ou glissoires, un mot nouveau qui est entré dans notre langue pour désigner une folie nouvelle, sont encore une source de mauvaises rencontres entre les personnes de sexes différents. Vous ne seriez trop élevé contre cette fureur pour un amusement prôné partout qui menace d'envahir notre ville et nos campagnes pour cet hiver. Les glissades telles qu'elles se pratiquent lorsqu'il y a les deux sexes constituent une occasion prochaine de pécher, et votre devoir est de l'interdire aux fidèles."
Ainsi, à travers ces anecdotes d'une glissade d'antan, nous pouvons constater à quel point les activités hivernales étaient appréciées dans le passé. La nostalgie de ces moments simples, où l'on tirait du plaisir des éléments naturels, ajoute une touche chaleureuse à nos réflexions sur le temps des fêtes et nous rappelle l'importance de profiter des joies simples de la saison.
Texte et recherche Jonathan Buisson
Source Facebook Souvenirs et Memoires De la Côte-des-Neiges
Banq , Archive ville de Montréal
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